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Le seul interdit avec un diabète est la bêtise. Fort de ce constat, tout est possible. Je vous partage mon expérience et mes conseils par rapport à la gestion de mon diabète en voyage

Je suis diabétique depuis le 19 mai 2001 et je voyage. J’ai assez rapidement appris comment voyager avec un diabète, je suis partie en avril 2002 en Tunisie avec mes parents. Ensuite, j’ai testé, tenté, adapté au fur et à mesure. Aussi, je trouve cela intéressant de vous partager mon expérience et mes conseils pour voyager, que vous soyez diabétique ou proche d’un diabétique. 

Je tiens à préciser que les conseils que j’expose dans cet article de blog ne sont certainement pas valables pour tous les diabétiques. Chaque maladie est différente et il revient à chacun de trouver les solutions qui lui sont adaptées. Ce ne sont que des pistes parmi d’autres et je n’ai aucune prétention de mieux savoir. Ce n’est qu’un partage de mon humble expérience, par rapport à ma maladie. 

Qu’est-ce que le diabète de type 1 ?

Vous n’avez pas forcément le même niveau d’information sur ce qu’est cette maladie alors je vous la présente, le plus simplement possible.

Je suis diabétique de type 1, qu’est ce que cela veut dire ?

Pour faire très simple, une personne diabétique de type 1 n’est plus en mesure de gérer son taux de sucre naturellement. Ce que vous faites tout seul, automatiquement, je dois le faire par moi-même. Je dois m’injecter de l’insuline plusieurs fois par jour pour diminuer mon taux de sucre car c’est cette hormone qui permet de réguler les apports. Alors pourquoi dois-je parfois prendre du sucre ? Et bien parce que cette injection n’est pas tout à fait une science exacte et je peux me tromper et manquer de sucre. Donc préjugé numéro 1 : un diabétique peut-il manger du sucre ? Oui, bien sûr, mais en conscience. Chaque fois que je mange du sucre, je dois m’injecter de l’insuline. 

Pour vous schématiser, j’oscille entre un taux équilibré, des hypoglycémies et des hyperglycémies.

  • les hypoglycémies = manque de sucre = malaise, faim, perte de force, incapacité totale à prendre des décisions pour ma part ;
  • les hyperglycémies = trop de sucre = maux de crâne, soif, pause pipi toutes les heures.

Le diabète ce sont des mathématiques, de la probabilité sur les doses qu’il me faut. Les journées ne se ressemblent pas, d’autant plus en voyage. Je dois réfléchir, anticiper mes doses d’insuline en fonction des repas, des activités ou de mon état général. Une erreur peut s’avérer fortement désagréable, voire dangereuse, certains font des comas du fait d’hypoglycémies d’hyperglycémie. 

Je tiens vraiment à la précision « type 1 » car beaucoup en font l’impasse. Il y a plusieurs types de diabète mais on a tendance à faire un amalgame entre le type 1 et le type 2. Bien qu’il y ait un rapport avec les sucres pour les deux, les causes et les traitements sont vraiment différents. Beaucoup de réactions face à l’annonce de mon diabète sont dues à une assimilation au diabète de type 2, souvent dû à une mauvaise hygiène de vie (mauvaise alimentation, surpoids, manque d’activité, vieillesse, etc.). Autre différence notable, beaucoup de personnes atteintes du type 2 se soignent par les médicaments, ce qui est impossible pour les type 1. Tous les types 1 doivent s’injecter de l’insuline.

carole rivière
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Quel traitement pour un diabétique de type 1 ?

Tous les diabétiques de type 1 n’ont pas le même traitement, et donc le même matériel. Pour ma part, j’ai mis très longtemps à accepter de passer sous pompe, une grande révolution pour les diabétiques. Je vais donc vous parler de mon traitement pendant 22 ans de diabète et mon nouveau traitement depuis août 2023.

Pendant des années, je disposais de deux stylos d’insuline : une « rapide » (une action pendant 3h) et une « lente » (une action pendant un peu plus de 24h). Je faisais l’insuline lente une fois par jour, le soir, et des rapides avant chaque repas et en cas de besoin ponctuel. Depuis août, je suis passée « sous pompe », et j’ai la pompe OmniDash. Il s’agit d’un patch/boîtier qui est implanté et collé à ma peau et que je dois changer tous les 3 jours. Il est piloté par une sorte de petite télécommande qui me permet de gérer les apports d’insuline présente dans le patch. Certaines pompes sont dites avec tubulure, et donc reliée par un petit tube jusqu’à la télécommande.

En parallèle, je dispose d’un capteur Freestyle que j’implante sur mon bras tous les 15 jours. Relié à mon téléphone, il me permet de me scanner et d’avoir mon taux de sucre en temps direct, ma glycémie. Autant vous dire que ce fut une révolution, même si je continue de voyager avec mon ancien testeur (un appareil de lecture, des bandelettes et un stylo autopiqueur pour récupérer mon sang). Jusqu’en avril 2018, je me piquais le bout de doigt une dizaine de fois par jour pour connaître mon niveau de sucre dans le sang et adapter mes doses d’insuline.

Je customise parfois mon capteur avec les stickers créés par My Lovely Bird. Et j’ai craqué pour plusieurs coques de pompe sur Le jardin d’Aubépine. J’adore ❤️

carole pois crozon mer

Comment préparer son voyage avec un diabète ?

Je vous conseille un super document pour ce qui est du diabète dans les aéroports, cela peut vous permettre de vous rassurer et de vous organiser.

Ordonnance et assurance

Je pars parfois avec mon ordonnance française et une ordonnance en anglais mais ce n’est pas une obligation. Cela peut faciliter le passage de certains contrôles dans les aéroports, notamment aux USA, et particulièrement avec la pompe. C’est également un repère utile pour les pharmacies. Ce fut par exemple le cas quand j’ai dû aller dans l’une d’elles à Naples car j’avais oublié ma lantus en France. Bon finalement je suis restée sans lantus pendant 4 jours car il n’y avait pas les remboursements donc j’aurais dû payer 80€. Comment ai-je fait sans lantus ? J’ai juste fait plus de rapide et plus fréquemment pour combler… A chaque problème sa solution 😉 Sachez néanmoins qu’on ne me pose jamais aucune question dans les aéroports sur mon traitement.

Je n’ai pas pris d’assurance particulière pour mes voyages, si ce n’est pour mon année en Amérique Latine. J’avais d’ailleurs été choquée par la manière dont les assurances considèrent les diabétiques et ce qu’ils se permettent de nous faire. C’était en 2012 et je n’ai toujours pas digéré. C’est néanmoins un risque, je ne vous le conseille pas forcément #faitescequejedispascequejefais. Néanmoins, j’ai pas mal de garanties avec ma carte bleue déjà, vous pouvez aussi vérifier si c’est le cas pour vous !

Quel matériel en voyage ?

Je pars avec un capteur qui a une durée de 2 semaines mais il est récurrent que ce dernier ne tienne pas, surtout lorsque c’est une destination exotique. J’anticipe donc en prenant le nécessaire pour le testeur qui est toujours une sécurité. Pour ce dernier, attention de partir avec des piles de rechange, les variations de températures peuvent être fatales (du vécu, en Islande…).

Je suis depuis peu à la pompe donc j’ai encore peu de recul. Pour mon voyage en Tanzanie, je suis partie avec autant de patchs que nécessaires + 2 en plus, et 2 stylos de rapide au cas où. Autant vous dire que je n’ai pas voyagé léger !

 💡 Je ne voyage pas avec du glucagon qui est un produit qu’on est censé m’injecter si je fais un malaise. C’est contraire à ce qu’a pu me dire le personnel médical mais la plupart de mes malaises sont vagaux et ne sont pas dus au diabète. Je ne veux pas donner cette responsabilité à qui que ce soit.

Cela m’amène à ma deuxième préconisation : toujours penser à bien gérer son stock. Anticipez que vous ferez peut-être plus de tests donc doublez le nombre de bandelettes, qu’un stylo insuline peut se casser, un patch se décoller, etc. Il vaut mieux être prévoyant, le pire étant de ne pas avoir assez d’insuline bien sûr.

Ma principale difficulté a été lorsque je suis partie un an au Chili et que les pharmacies ne pouvaient pas me délivrer plus de 6 mois de soins. Je suis donc partie avec la moitié du stock et un proche est venu me donner le reste. D’après les messages que je reçois, ce point est toujours problématique en 2023. On me demande souvent quelles sont mes solutions mais elles restent limitées : un retour en France de la personne diabétique, une visite d’un proche, un envoi par transporteur, etc.

Notez que je ne suis pas ultra sérieuse avec mon matériel et que je ne prends pas les précautions nécessaires, notamment vis-à-vis des températures de conservation. Mon insuline ne reste pas toujours au frigo en voyage. Je n’ai rien à dire pour ma défense 😎 En revanche, je ne mets pas mes soins en soute, de peur qu’on perde mon sac. Je mets une bonne partie dans mon sac en cabine et le reste dans le sac de mon compagnon de voyage qui va aussi en cabine.

Le resucrage

Quand je suis en voyage et que je fais de grosses hypoglycémies je me resucre au Coca : rapide, efficace, international. J’en achète donc après la sécurité dans les aéroports. Je garde le ticket de caisse car, parfois, lors d’une escale, les agents nous contrôlent encore et que mon Coca est menacé 👿 Malheureusement, parfois, ce n’est pas suffisant et je m’énerve.

Pensez également à avoir des petits gâteaux en plus, si jamais vous n’avez pas envie de boire quelque chose (par peur de ne pas trouver de toilettes ou autre).

💡 En parlant de toilettes, Andy a trouvé cette super application : « Où sont les toilettes » qui, en France en tout cas, m’aide bien !

De manière générale, je baisse mes doses en voyage car je suis plus facilement sujette aux hypoglycémies.

carole piscine plage saint malo

Le diabète pendant le voyage

Savoir adapter son insuline

Diabétique depuis les 9 ans, je me connais. Comme je vous le disais, je baisse donc progressivement mes doses en voyage, tous les jours une unité de rapide et deux unités de lente en moins. Je peux être à 14 de rapide et 20 de lente en France mais 10 de rapide et 14 de lente en Thaïlande. Je n’ai pas encore de point de comparaison avec la pompe mais je pense qu’il en sera de même.

Je vous dis ça, ça a l’air facile sur le papier mais je vis parfois des moments difficiles. Je peux enchaîner les hypoglycémies pendant des jours sans comprendre… C’est la partie la plus dure de la maladie pour moi, car je n’ai aucune maîtrise.

Les activités

Mon principe est que je n’accepte pas les interdits 😎 J’ai fait de la plongée sans autorisation médicale au Brésil et au Mozambique, je suis allée dans une mine interdite aux diabétiques au Chili, etc.

Je fais tout mais je réfléchis 😉 Les sports aquatiques sont les plus compliqués à gérer. En effet, dans l’eau on se dépense plus et, personnellement, je sens plus difficilement les hypoglycémies. Il faut aussi savoir que les « émotions » influent sur la glycémie. Un coup de stress et c’est l’hypo assurée pour moi. Lors de ma première plongée en Brésil j’ai dû manger une vingtaine de carrés de sucre pour éviter l’hypo quand j’étais dans l’eau. Relativisons, c’est relou mais pas infaisable 😉

Pensez à toujours avoir de quoi vous resucrer sur vous ou à proximité. Si vous faites une hypo et que vous n’avez pas dans l’immédiat de quoi remonter la glycémie, ne paniquez pas (les émotions, comme je vous disais). Il y aura une solution, demandez un gâteau à quelqu’un.

Ah oui aussi, je fais toujours très attention à mes pieds qui sont sensibles. Avec le diabète je cicatrise mal. Peu de tongs pour moi en voyage donc et bonjour les chaussures de rando ou baskets et les incontournables chaussures d’eau !

Gérer les imprévus comme l’alcool

J’en parle car j’ai un peu découvert ça par moi-même. Après les bonnes soirées festives, je terminais régulièrement dans un état d’hypo constante. Malgré le sucre, je n’arrivais pas à faire remonter ma glycémie. J’ai donc remarqué que boire de l’alcool augmentait ma glycémie dans un premier temps puis la faisait descendre et « absorbait » le sucre pris pour contrebalancer. Les soirs où je sais que je vais goûter la vie nocturne locale, je fais donc une piqure de rapide plus forte que d’habitude et pas de lente. Les médecins ne recommandent pas d’interrompre la lente mais c’est l’équilibre que j’ai trouvé 😉 A voir comment je vais faire avec la pompe désormais…

carole rizières vue philippines luçon
6 réponses
  1. rtk
    rtk dit :

    Bonjour Carole,
    Merci pour ce témoignage.
    Par contre tu ne parles pas d’assurance/d’assistance voyage : en as-tu trouvé une qui te couvre en cas de problème lié au diabéte ?
    Je pars en Australie, et je galère pour en trouver une.
    rtk

    Répondre
    • Carole
      Carole dit :

      Bonjour,

      Effectivement je n’en parle pas car je ne suis pas spécifiquement couverte. J’ai une assurance rappatriement mais c’est tout… pour partir un an au Chili j’avais galéré et j’étais passée par l’assurance de mon père (Je peux retrouver le nom si tu veux).

      Répondre
  2. rtk
    rtk dit :

    Merci pour ta réponse rapide.
    Avec la carte visa premier de mes parents, je suis couverte assistance/assurance/rapatriement pour tout SAUF le diabète.
    Et si on doit emmener à l’hôpital en cas de très grosse hypo, cela risque de coûter très cher en Australie. Cela m’est arrivée en Allemagne, mais c’est en Europe donc prise en charge par la sécu française.
    Oui je veux bien le nom de l’assurance qui couvre ça,
    Merci par avance

    Répondre
  3. Linda
    Linda dit :

    Bonjour,
    Merci pour votre article. Mon petit frère est diabétique de type 1 comme vous et même pour les voyages urbains, on doit faire attention. Je me demandais, avez-vous eu des expériences de voyage où vous ne pouviez pas nécessairement laisser vos stylo d’insuline dans un endroit frais (par exemple, est-il possible d’envisager des vacances type randonnée/GR, avec possibilité de température assez chaude pendant la journée et déplacement incessant, pour un diabétique qui n’a pas la pompe mais les stylos à injection, et seulement un sac isotherme pour les transporter)? Avez-vous un matériel éventuel à recommander (un super sac isotherme qui reste frais pendant une semaine =) )?
    Merci,
    Linda

    Répondre
    • Carole
      Carole dit :

      Bonjour Linda,

      Merci pour votre message !
      Alors je ne fais pas de randonnée de ce type, sur une aussi longue période donc je n’ai malheureusement pas de matériel de ce genre… Après, c’est vrai que je ne fais pas toujours en sorte que mon matériel soit au frais en permanence… Si c’était mon ça, j’acheterai un petit sac isotherme et je mettrais une bouteille d’eau fraîche pour vérifier que la température reste raisonnable. Ou passez en pharmacie, ils ont peut être du materiel adapté ?
      Bonnes vacances en tout cas !

      Carole

      Répondre

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