Le seul interdit avec un diabète est la bêtise. Fort de ce constat, tout est possible. Je vous partage mon expérience et mes conseils par rapport à la gestion de mon diabète en voyage.
Je suis diabétique depuis le 19 mai 2001 et je voyage. J’ai appris comment voyager avec un diabète, j’ai testé, tenté, adapté. Aussi, je trouve cela intéressant de vous partager mon expérience et mes conseils, que vous soyez diabétique ou proche d’un diabétique.
Je tiens à préciser que les conseils que j’expose dans cet article de blog ne sont certainement pas valables pour tous les diabétiques. Chaque maladie est différente et il revient à chacun de trouver les solutions qui lui sont adaptées. Ce ne sont que des pistes parmi d’autres 😉
Sommaire
Présentation du diabète
Vous n’avez pas forcément le même niveau d’information sur ce qu’est cette maladie alors je vous la présente, le plus simplement possible.
Qu’est-ce que le diabète de type 1 ?
Pour faire très simple, un diabétique de type 1 n’est plus en mesure de gérer son taux de sucre seul. Ce que vous faites naturellement, automatiquement, je dois le faire par moi-même. Je dois m’injecter de l’insuline a minima 4 fois par jour pour diminuer mon taux de sucre et, au contraire, il m’arrive de devoir prendre du sucre car j’ai trop d’insuline dans le corps. Tous les diabétiques n’ont pas le même traitement, certains sont par exemple « sous pod », sous pimpe, c’est un système très différent.
Le diabète ce sont des mathématiques, de la probabilité. Les journées ne se ressemblent pas, d’autant plus en voyage. Je dois réfléchir, anticiper mes doses d’insuline en fonction des repas, des activités ou de mon état général. Une erreur peut s’avérer fortement désagréable, voire dangereuse, certains font des comas.
Pour vous schématiser, j’oscille entre un taux équilibré, des hypoglycémies et des hyperglycémies.
- les hypoglycémies = manque de sucre = malaise, faim, perte de force, incapacité totale à prendre des décisions pour ma part (c’est tellement relou de ne pas pouvoir choisir entre du Coca et du Fanta 😀 )
- les hyperglycémies = trop de sucre = maux de crâne, soif, pause pipi toutes les heures.
Mon matériel de diabétique branchée
Comme je vous le disais, tous les diabétiques n’ont pas le même matériel. Pour ma part, je n’ai pas sauté le pas de « passer à la pompe ».
Je dispose donc d’un stylo d’insuline rapide et d’un stylo d’insuline lente. J’ai également un testeur avec un appareil de lecture, des bandelettes, un stylo autopiqueur et des aiguilles pour vérifier mon taux de sucre. Jusqu’en avril 2018, je me piquais le bout de doigt une dizaine de fois par jour pour connaître mon niveau de sucre dans le sang et adapter mes doses d’insuline.
J’utilise depuis 2018 le capteur Freestyle Libre qui est planté dans le bras et qui permet de lire le taux de sucre (glycémie) sans avoir à se piquer les doigts. Le changement de vie a été radical car non seulement le geste est plus simple, mais en plus, le capteur indique les tendances (le taux + si je suis en train de baisser ou augmenter).
Depuis peu, je customise mon capteur avec les stickers créés par My Lovely Bird. J’adore ❤️
Quel matériel je prends en voyage ? Je pars désormais avec un capteur (qui tient 2 semaines) et quand je pars plus de 15 jours, je termine mon voyage en revenant au testeur classique. Pour les destinations plages/mer, je préfère rester au testeur afin de ne pas prendre le risque d’abîmer le matériel dans la mer.
💡 Dans tous les cas, il faut toujours penser à prendre les bandelettes et un stylo auto-piqueur. Je ne voyage pas avec du glucagon qui est un produit qu’on est censé m’injecter si je fais un malaise. C’est contraire à ce qu’a pu me dire le personnel médical mais la plupart de mes malaises sont vagaux et ne sont pas dus au diabète.
Comment préparer son voyage avec un diabète ?
Je vous conseille un super document pour ce qui est du diabète dans les aéroports, cela peut vous permettre de vous rassurer et de vous organiser.
La paperasse
Je pars parfois avec mon ordonnance française et une ordonnance en anglais mais ce n’est pas une obligation. Cela peut faciliter le passage de certains contrôles dans les aéroports, notamment aux USA. C’est également un repère utile pour les pharmacies. Ce fut par exemple le cas quand j’ai dû aller dans l’une d’elles à Naples car j’avais oublié ma lantus en France. Bon finalement je suis restée sans lantus pendant 4 jours car il n’y avait pas les remboursements donc j’aurais dû payer 80€. Comment ai-je fait sans lantus ? J’ai juste fait plus de rapide et plus fréquemment pour combler… A chaque problème sa solution 😉 Sachez néanmoins qu’on ne me pose jamais aucune question dans les aéroports sur mon traitement.
Je n’ai pas pris d’assurance particulière pour mes voyages, si ce n’est pour mon année en Amérique Latine. J’avais d’ailleurs été choquée par la manière dont les assurances considèrent les diabétiques et ce qu’ils se permettent de nous faire. C’était en 2012 et je n’ai toujours pas digéré. C’est néanmoins un risque, je ne vous le conseille pas forcément #faitescequejedispascequejefais.
Le stock de matériel
Cela m’amène à ma deuxième préconisation : toujours penser à bien gérer son stock. Anticipez que vous ferez peut-être plus de tests donc doublez le nombre de bandelettes, qu’un stylo insuline peut se casser, etc. Je prévois également des piles pour mon testeur, celles-ci sont notamment sensibles au froid et peuvent me lâcher assez facilement (du vécu, en Islande…). Ma principale difficulté a été lorsque je suis partie un an au Chili et que les pharmacies ne pouvaient pas me délivrer plus de 6 mois de soins. Je suis donc partie avec la moitié du stock et un proche est venu me donner le reste.
Notez que je ne suis pas ultra sérieuse avec mon matériel et que je ne prends pas les précautions nécessaires, notamment vis-à-vis des températures de conservation. Mon insuline ne reste pas toujours au frigo en voyage. Je n’ai rien à dire pour ma défense 😎 En revanche, je ne mets pas mes soins en soute, de peur qu’on perde mon sac. Je mets une bonne partie dans mon sac en cabine et le reste dans le sac de mon compagnon de voyage qui va aussi en cabine.
La clé d’une voyageuse épanouie : savoir assurer son resucrage
Quand je suis en voyage et que je fais de grosses hypoglycémies je me resucre au Coca : rapide, efficace, international. J’en achète donc après la sécurité dans les aéroports. Je garde le ticket de caisse car, parfois, lors d’une escale, les agents nous contrôlent encore et que mon Coca est menacé 👿 Malheureusement, parfois, ce n’est pas suffisant et je m’énerve.
Pensez également à avoir des petits gâteaux en plus, si jamais vous n’avez pas envie de boire quelque chose (par peur de ne pas trouver de toilettes ou autre).
💡 En parlant de toilettes, Andy a trouvé cette super application : « Où sont les toilettes » qui, en France en tout cas, m’aide bien !
De manière générale, je baisse mes doses en voyage car je suis plus facilement sujette aux hypoglycémies.
Le diabète pendant le voyage
Savoir adapter son insuline
Diabétique depuis les 9 ans, je me connais. Comme je vous le disais, je baisse donc progressivement mes doses en voyage, tous les jours une unité de rapide et deux unités de lente en moins. Je peux être à 14 de rapide et 20 de lente en France mais 10 de rapide et 14 de lente en Thaïlande.
Je vous dis ça, ça a l’air facile sur le papier mais je vis parfois des moments difficiles. Je peux enchaîner les hypoglycémies pendant des jours sans comprendre… C’est la partie la plus dure de la maladie pour moi, car je n’ai aucune maîtrise.
Les activités
Mon principe est que je n’accepte pas les interdits 😎 J’ai fait de la plongée sans autorisation médicale au Brésil et au Mozambique, je suis allée dans une mine interdite aux diabétiques au Chili, etc.
Je fais tout mais je réfléchis 😉 Les sports aquatiques sont les plus compliqués à gérer. En effet, dans l’eau on se dépense plus et, personnellement, je sens plus difficilement les hypoglycémies. Il faut aussi savoir que les « émotions » influent sur la glycémie. Un coup de stress et c’est l’hypo assurée pour moi. Lors de ma première plongée en Brésil j’ai dû manger une vingtaine de carrés de sucre pour éviter l’hypo quand j’étais dans l’eau. Relativisons, c’est relou mais pas infaisable 😉
Pensez à toujours avoir de quoi vous resucrer sur vous ou à proximité. Si vous faites une hypo et que vous n’avez pas dans l’immédiat de quoi remonter la glycémie, ne paniquez pas (les émotions, comme je vous disais). Il y aura une solution, demandez un gâteau à quelqu’un.
Ah oui aussi, je fais toujours très attention à mes pieds qui sont sensibles. Avec le diabète je cicatrise mal. Peu de tongs pour moi en voyage donc et bonjour les chaussures de rando ou baskets et les incontournables chaussures d’eau !
Gérer les imprévus comme l’alcool
J’en parle car j’ai un peu découvert ça par moi-même. Après les bonnes soirées festives, je terminais régulièrement dans un état d’hypo constante. Malgré le sucre, je n’arrivais pas à faire remonter ma glycémie. J’ai donc remarqué que boire de l’alcool augmentait ma glycémie dans un premier temps puis la faisait descendre et « absorbait » le sucre pris pour contrebalancer. Les soirs où je sais que je vais goûter la vie nocturne locale, je fais donc une piqure de rapide plus forte que d’habitude et pas de lente. Les médecins ne recommandent pas d’interrompre la lente mais c’est l’équilibre que j’ai trouvé 😉
Le diabète après le retour en voyage
Comment gérer son diabète au retour ?
Lors des grands voyages, j’ai pris l’habitude d’aller chez le médecin et/ou de faire une prise de sang. Je vérifie que tout va bien pour éventuellement prendre des vitamines ou autres compléments alimentaires. Car le diabète c’est aussi avoir un système immunitaire moins efficace et attraper ce qui passe. Je reviens régulièrement malade. Et puis je me soigne, je grogne sur ce diabète et je reprends un billet d’avion 😎 !
Je témoigne
Suite à la parution de cet article, j’ai été invitée à témoigner sur le site de la Fédération Française des Diabétiques sur le thème « le diabète et le voyage« .
J’ai également donné une interview auprès de la Fédération Française des Diabétiques sur le thème du voyage !
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Bonjour Carole,
Merci pour ce témoignage.
Par contre tu ne parles pas d’assurance/d’assistance voyage : en as-tu trouvé une qui te couvre en cas de problème lié au diabéte ?
Je pars en Australie, et je galère pour en trouver une.
rtk
Bonjour,
Effectivement je n’en parle pas car je ne suis pas spécifiquement couverte. J’ai une assurance rappatriement mais c’est tout… pour partir un an au Chili j’avais galéré et j’étais passée par l’assurance de mon père (Je peux retrouver le nom si tu veux).
Merci pour ta réponse rapide.
Avec la carte visa premier de mes parents, je suis couverte assistance/assurance/rapatriement pour tout SAUF le diabète.
Et si on doit emmener à l’hôpital en cas de très grosse hypo, cela risque de coûter très cher en Australie. Cela m’est arrivée en Allemagne, mais c’est en Europe donc prise en charge par la sécu française.
Oui je veux bien le nom de l’assurance qui couvre ça,
Merci par avance
Bonjour,
Merci pour votre article. Mon petit frère est diabétique de type 1 comme vous et même pour les voyages urbains, on doit faire attention. Je me demandais, avez-vous eu des expériences de voyage où vous ne pouviez pas nécessairement laisser vos stylo d’insuline dans un endroit frais (par exemple, est-il possible d’envisager des vacances type randonnée/GR, avec possibilité de température assez chaude pendant la journée et déplacement incessant, pour un diabétique qui n’a pas la pompe mais les stylos à injection, et seulement un sac isotherme pour les transporter)? Avez-vous un matériel éventuel à recommander (un super sac isotherme qui reste frais pendant une semaine =) )?
Merci,
Linda
Bonjour Linda,
Merci pour votre message !
Alors je ne fais pas de randonnée de ce type, sur une aussi longue période donc je n’ai malheureusement pas de matériel de ce genre… Après, c’est vrai que je ne fais pas toujours en sorte que mon matériel soit au frais en permanence… Si c’était mon ça, j’acheterai un petit sac isotherme et je mettrais une bouteille d’eau fraîche pour vérifier que la température reste raisonnable. Ou passez en pharmacie, ils ont peut être du materiel adapté ?
Bonnes vacances en tout cas !
Carole
@rtk avez vous trouvé une assurance car j’en cherche mais le diabète n’est pas pris en charge.
Merci
Bonne journée